La Somatic Experiencing

La Somatic Experiencing est une technique thérapeutique expérientielle et psychocorporelle développée par le Docteur en Psychologie Peter LEVINE. Elle est basée notamment sur le Felt Sense du Docteur en Psychologie Eugène GENDLIN (le Focusing), la Théorie Polyvagale du psychiatre Stephen PORGES, et la Somatics développée par Thomas HANNAH.

Cette technique a fait ses preuves dans le traitement du Stress Post-Traumatique.

Cet accompagnement peut être indiqué en complément, ou après une prise en charge en Psychoposturologie.

La théorie polyvagale de Stephen Porges

Dans les années 1990, le psychiatre américain Stephen Porges était intrigué par le rythme cardiaque particuliers de certains nouveau-nés prématurés.

Rappelons que c'est le système nerveux autonome qui régule le rythme cardiaque et celui de la respiration. Lorsque nous inspirons, le rythme cardiaque accélère sous l'effet de la branche sympathique (l'accélérateur) du système nerveux autonome. Lorsque nous expirons, le rythme cardiaque ralentit sous l'effet de la branche parasympathique (le frein). L'amplitude de ces accélérations et décélérations du rythme cardiaque s'appelle l'arythmie sinusale respiratoire.

Stephen Porges a remarqué que certains nouveau-nés prématurés présentaient une très faible amplitude d'arythmie par rapport à des nouveau-nés à terme, et d'autres une amplitude plus normale arythmie. Or, en suivant les nouveau-nés prématurés sur plusieurs années, il a constaté que ceux dont l'arythmie était de faible amplitude développaient nettement plus de maladies et de troubles, y compris un taux de mortalité supérieur, que les autres bébés.

Il a donc poussé très loin ses connaissances sur le système nerveux autonome et il a découvert des choses qui avaient jusqu'alors échappé aux neurologues et aux neuropsychologues.

Premièrement, le nerf vague des mammifères (qui appartient au système parasympathique) est composé de deux branches :

  • Une branche dorsale que les reptiles possèdent également et qui communique avec les organes, les glandes et les viscères situés en dessous du diaphragme.
  •  Une branche ventrale que les reptiles ne possèdent pas et qui communique avec les organes, les glandes et les viscères situés au-dessus du diaphragme.

Ces deux branches ont des fonctionnements différents. Le vague ventral est capable de moduler son activité (il s'active plus ou moins), tandis que le vague dorsal fonctionne davantage par "tout ou rien" (soit il s'active, soit il ne s'active pas).

Par ailleurs, ces deux branches entretiennent des relations différentes avec l'autre partie du système nerveux autonome, le système sympathique (l'accélérateur).

Chez les mammifères, lorsqu'ils sont en situation de sécurité, c'est la branche ventrale du vague qui est majoritairement active. Lorsqu'ils sont confrontés à une alerte, ou à un danger, l'activité du vague ventral diminue et c'est le système sympathique qui est majoritairement actif. Mais lorsqu'un mammifère ne peut pas réagir à l'alerte ou au danger en se défendant ou en fuyant, le système sympathique reste actif et le vague dorsal entre lui aussi en action. C'est la réaction de figement. 

Si l'on observe la réaction de figement, cela a l'apparence de la mort. Le rythme cardiaque et respiratoire sont extrêmement faibles, voire imperceptibles. Les extrémités des membres sont froides et le mammifère ne bouge plus du tout. Pourtant, il est toujours conscient et il continue à percevoir ce qui se passe autour de lui. En effet, si le mammifère est en réaction de figement suite à l'attaque d'un prédateur mais qu'il n'a pas encore été tué, il suffit d'un moment d'inattention de son agresseur pour le voir soudain se relever d'un bond et fuir à toute allure. Et si l'on a la possibilité de le suivre jusque dans sa cachette, on peut ensuite le voir trembler de tout son corps dans un premier temps, puis bondir toutes dents dehors comme s'il se défendait avec rage contre un agresseur invisible, et enfin retourner à ses occupations comme si rien ne s'était passé.


Le fonctionnement hiérarchique du système nerveux autonome

Stephen Porges en a donc déduit que le bon fonctionnement d'un système nerveux autonome correspondait à une bonne activité du vague ventral en situation de sécurité et de repos, à une bonne réactivité du système sympathique en cas d'alerte, et à une capacité à sortir de la réaction de figement par la désactivation du vague dorsal qui permet au système sympathique de déclencher une réaction de fuite ou/puis de défense (même lorsque le danger n'est plus présent), ce qui permet enfin au vague ventral de reprendre le dessus sur le système sympathique.

Si ces différentes étapes ne peuvent se suivre dans l'ordre, la quantité phénoménale d'énergie contenue dans la réaction de figement reste bloquée dans le système nerveux, ce qui fragilise l'organisme et perturbe durablement son fonctionnement.

C'est cela qui est est reflété selon lui par la faible amplitude de l'arythmie respiratoire de certains nouveau-nés prématurés et qui les rend plus propices à développer des maladies et des troubles.

C'est également ce qui provoque les troubles du stress post-traumatique chez les personnes qui ont failli perdre la vie dans un accident, dans un attentat, lors d'une guerre ou d'un cataclysme naturel, ou lors d'une agression extrêmement violente.


La Somatic Experiencing

Le psychologue américain Peter Levine a eu la brillante idée de coupler les découvertes de Stephen Porges avec le Felt Sense du psychothérapeute Eugène Gendlin, et avec certains aspects de la Somatics dont les apports ont été synthétisés par l'américain Thomas Hanna.

Prenant exemple sur ce qui se passe dans le monde animal, Peter Levine a compris que la réaction de figement pouvait se libérer plusieurs années après que la situation traumatique avait eu lieu, en suivant l'ordre décrit pas Stephen Porges : Des tremblements, puis une réaction de fuite ou de lutte, puis une sentiment de sécurité.

Mais il a surtout compris que les être humains se distinguaient nettement des autres mammifères en ce sens que ces étapes sont particulièrement insupportables. Car l'énergie à libérer est telle qu'elle fait extrêmement peur à la personne qui les vit, et que les observateur se mettent à paniquer lorsqu'ils observent les comportements que cela déclenche.

Il s'est donc inspiré de la Somatics qui consiste à libérer le figement par toutes petites quantités en prenant soin de toujours revenir à une sensation positive entre deux libérations, et à ne jamais aller au-delà du supportable. C'est ce qu'il appelle la pendulation (et que les somaticiens appellent pendiculation).

Enfin, Peter Levine qui est très bien formé à la neuropsychologie, a compris que ces processus relevaient des structures nerveuses qui sont les plus conservées parmi les mammifères. Or, les animaux n'utilisent pas le langage comme nous le faisons, pas plus qu'ils ne se projettent dans le passé ou dans le futur comme nous le faisons. Ils sont davantage ancrés ici et maintenant. Ils réagissent à des sons, à des couleurs, à des formes, à des espaces, et à des émotions de base (la curiosité d'exploration, le jeu, le soin des petits, le désir sensuel, la peur, la rage et la détresse/panique, comme l'a bien montré le neuroscientifique estonien Jaak Panksepp). Et ils réagissent par des actes davantage que par des pensées, ou des raisonnements. Si bien qu'il s'est inspiré du Focusing développé par Eugène Gendlin pour faciliter la connexion consciente de la personne traumatisée avec ces centres primordiaux de son cerveau.

Ainsi, la libération du figement consiste à accepter progressivement le contact avec la réaction traumatique à travers des couleurs, des formes, des images, des mouvements, et des émotions de base, afin de laisser une toute petite quantité d'énergie se transformer lors d'une scène imaginaire acceptable, c'est à dire qui ne fait pas peur et qui procure au final une impression de grand soulagement accompagnée d'un sentiment de paix intérieure. Le tout accompagné par la présence physique d'un thérapeute extrêmement bienveillant et rassurant, mais néanmoins très ancré dans la réalité et dans le présent.


La Somatic Experiencing en Psychoposturologie

Bien que reconnaissant l'efficacité de la méthode Somatic Experiencing, la Psychoposturologie ne l'utilise en tant que telle et de manière isolée que dans des cas particuliers.

Cela s'explique par le fait que la mise sous contrôle des réflexes archaïques, la régulation vagale et les neurostimulations permettent bien souvent de libérer le figement sans faire directement référence aux situations traumatiques initiales. En effet, il est difficile de revenir à l'aide de la Somatic Experiencing sur des évènements traumatisants comme les conditions de naissance (prématurée, par césarienne, ou l'usage de forceps), ou une séparation très précoce d'avec les parents nourriciers. Or on sait que la réaction traumatique se nourrit des figements suivants. Il paraît donc intéressant de désamorcer la réaction à ses niveaux de conscience les plus précoces et les plus enfouis.

Par ailleurs, la méthode suppose une capacité à ressentir de manière consciente ce qui se passe en soi, puis à le reformuler de différentes manières (couleurs, formes, émotions, mouvements, etc.). C'est une capacité qui n'est pas à la portée de tout le monde, surtout si la capacité intéroceptive est faible. 

En revanche, il est très utile de savoir reconnaître les manifestations de la réaction traumatique et de savoir y faire face lorsqu'elle cherche à se libérer spontanément. Tout thérapeute risque d'y être confronté et il est impératif de savoir qu'elle attitude adopter afin de ne pas alimenter la réaction traumatique par un nouveau figement. 

Ceci est également important pour le patient, car beaucoup de choses fausses circulent autour du Trauma. Certaines personnes sont (ou ont été) persuadées à tort qu'elles avaient été traumatisées, parfois par des situations impossibles à vérifier comme se sentir responsable de la mort d'un fœtus jumeau dont la mère elle-même ignorait totalement l'existence, ou un viol durant les premiers mois de la vie. De telles horreurs font malheureusement les choux gras de certains charlatans. Inversement, il est très utile de pouvoir dire (voire de monter à l'aide d'une analyse de la réponse vagale) à une personne qui a vécu une expérience potentiellement traumatisante, qu'elle l'a très bien surmontée par elle-même. Car toutes les situations traumatisantes ne génèrent pas automatiquement une réaction traumatique. Comme une réaction traumatique peut se déclencher chez une personne qui n'a pas vécu personnellement la situation traumatisante (par exemple, on sait que les personnels soignants dans les services d'urgence accumulent du Trauma rien qu'en entendant leurs collègues raconter les situations auxquelles ils sont confrontés).


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